Le don par kalhan

Avant propos

Ce texte a été réalisé suite à un concours lancé sur un autre forum, les membres pour se "venger" nous ont imposé la même consigne que nous leur avions soumise à la base.
Voici donc un texte écrit intégralement sans la vingt et unième lettre de l'alphabet, j'ai nommé le "U"

Je sais d'avance qu'il y a une phrase pas très bien tournée mais jusqu'à maintenant je n'ai pas trouvé de meilleure formulation sans y ajouter LA lettre ^^

Vous voilà prévenu donc à présent, bonne lecture
L'histoire

Il se réveilla bien avant le lever de l’astre solaire, s’étira, bâilla, se lava, grignota le pain rassis de la veille et fit des exercices de remise en forme.
Enfin d’aplomb, il se dirigea vers le toit et observa intensément le ciel. À partir de là, il enchaina des gestes répétitifs, entamant ainsi sa délicate cérémonie de prédiction.
Ces réflexes, il les tirait de sa tendre adolescence, moment décisif de son existence ayant révélé son don.
Ethan était capable de déchiffrer l’avenir à travers les étoiles, il décelait des événements importants propres à certaines personnes. Ces gens-là, il les « sélectionnait » avec soin.
Cela dit, il n’était pas à même de percevoir l’ensemble de la destinée choisie et il n’était donc pas rare de le voir rater des détails essentiels. Dès lors, il se faisait gravement châtier, son maître ne laissait pas passer ce genre d’omissions.
Malgré la rareté de ce don le posant en être exceptionnel il haïssait le devoir y étant lié. Cependant comme son maître exigeait son exercice il s'y pliait donc sans broncher. Il n’avait pas le choix, en réalité, il avait été acheté il y avait de cela dix ans environ, ses parents l’avaient négocié comme le lapin de son enfance –il se nommait Pinpin, et il y était très attaché, mais cette complicité prit fin rapidement. Pinpin finit par être échangé et….consommé, car il avait été engraissé pendant des années dans cet objectif. Ethan vivait la chose de manière similaire, mais il se vit abandonner à cette personne en échange de la somme non négligeable de cinq mille danaris. Grâce à ce prix considérable, le coffre-fort familial était à présent plein de pièces d’or et d’argent. Cela avait permis à ses parents et son ainée de vivre aisément en Harmadie, ville campagnarde et paisible, disait-on. À dater de ce moment, ils avaient cohabité dans le logis ô combien immense de la ville, rempli d’esclaves et de bonnes prêts à les satisfaire. Son père s’était transformé en célèbre marchand et des objets inestimables destinés à la noblesse.

À l’évocation de son ex-foyer, la nostalgie venait inévitablement hanter Ethan, et il en venait même à les envier. Dans de pareils moments, si son propriétaire s’en apercevait, il disait généralement ceci : Ethan, ta famille t’a laissé entre mes mains, et ils ont bien fait. C’est la chance de ta vie, j’ai fini ton apprentissage et t’ai élevé comme mon propre fils. Vivre à la capitale, dans cette vie ostentatoire désirée par nombre de gens dans ce pays, c’est ma foi assez enviable comme position. Sois fier de ta condition si favorisée. En contrepartie, il t’est simplement demandé de me rendre service. M’annoncer ce dont sera fait demain, est-ce si difficile ?
À cela Ethan répondait fermement : il est vrai, Sire ! Je n’ai rien à envier à personne. Merci de votre bonté et de votre considération à mon égard. Connaitre vos ennemis et vos alliances à venir, délier le vrai de l’erroné afin de faciliter vos affaires, cela devrait être mes obligations premières.
Dès lors, il s’en allait à ses tâches soi-disant pressantes.
Trois sons de cloche avant le petit matin, il était donc réveillé et prêt à lire l’avenir.
Le ciel était sombre, parsemé de petites étoiles scintillantes. Il fit les gestes appropriés et laissa son esprit vagabonder afin de permettre la symbiose et discerner le destin…SON destin…avant de lire l’avenir de son maitre.
Mais la vision l’effraya... Il ne s’attarda pas, car il avait discerné trop d’écarlate, cela l’horrifiait. Ce présage était néfaste et sombre. Son avenir était trop sanglant et il sentait cet événement proche…très proche…trop proche…
Il se plongea donc dans l’avenir de son maitre et il vit la même chose horrible : cette matière vermeille versée en nombre. Il ne reconnaissait pas l’endroit de ce crime, mais il était certain de ceci : le maitre et sa personne seraient visés, ils seraient bientôt victimes de ce massacre sanglant…tellement immonde.

Affolé et ne sachant remettre clairement de l’ordre dans ses idées, il se précipita dans les appartements de son patron afin de faire part de sa vision.
Vremas dormait encore dans le lit matrimonial, mais à l’annonce de cette triste image, il se hâta de donner congé à ses valets et servantes, il envoya également sa femme et sa fille dans la ville voisine, chez son ami d’enfance, Jaon. La maison vide, il se barricada enfin dans le grenier en compagnie d’Ethan. De là, ils avaient la possibilité d’observer le ciel.
Comme Ethan ignorait l’origine de cette menace, son maitre donna l’ordre de chercher encore et encore. Cela le vida complètement de son énergie, il finit par s’endormir et se réveilla finalement le lendemain après-midi.
Le maitre s’alarmait, Ethan examinait profondément les astres. Le temps passa, mais rien n’arriva. Les hommes cloitrés dans cet espace très étroit commencèrent à se démoraliser.

Ils finirent donc par sortir après trois levers de soleil, car les provisions emportées s’étaient inévitablement taries.
Sans tarder, Vremas alla se renseigner chez ses proches voisins. Il désirait savoir comment sa famille se portait. Certains devaient probablement être informés.
De son côté, Ethan ne fit rien, à part attendre son maitre patiemment. Il s’était mis à réfléchir et savait à présent…il savait ce dont il s’agissait dans sa vision. Il savait concernant la famille de son propriétaire…il savait...mais il resta là.
Rien ne le ferait changer d’avis, car il savait ses visions infaillibles. Il s’était également résigné à ne pas détaler, car rien ne l’attendait dans ce monde. Sa famille l’avait renié, il n’avait pas d’amis, il ne connaissait personne hormis son maitre. En vérité, il avait longtemps désiré ceci …car ce don, il le garderait et il savait combien cela serait pénible. Certaines personnes enviaient son maitre, s’il venait à disparaitre, Ethan ne serait pas en paix…pas dans cette vie se disait-il.
Vremas revient très vite. Il était agité, alors Ethan comprit, mais il préféra ne pas réagir immédiatement afin de le laisser parler d’abord.
- Toi ! cria-t-il. Ce crime…c’est le tien ! Elles sont…elles sont…
- Croyez bien, maitre…
- Tais-toi ! Ton incompétence les a menées à la…à la… mort !
- Et mon âme est chagrinée par ce désastre, mais ce n’est pas…
- Arrête ! C’est trop tard…
Promptement, Vremas sortit de derrière son dos l’objet mortel. Il s’avança et se jeta précipitamment vers Ethan.
Sans avoir le temps de réagir, il vit s’enfoncer profondément cette grande lame acérée à travers ses entrailles. Elle rentrait et sortait à mainte reprise avec acharnement... voir même avec férocité. Il y avait tant de sang…sa vision se voila et il s’affaissa par terre, inerte.
Le maitre resta hébété, les bras ballant en regardant le corps de son fidèle devin. Il gisait là sans vie à ses pieds.
Après d’interminables secondes, il reprit ses esprits et réalisa ceci : rien ne comptait désormais. Il avait abandonné sa famille, de ce fait les femmes de sa vie avaient péri atrocement. Elles ne seraient pas là à ses côtés, personne ne serait capable de le raisonner. Il décida solennellement de mettre fin à sa propre vie en tranchant ses veines.
Tant de sang…il y avait tant de sang...

Après-propos

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